J’ai invité tous mes enfants chez moi pour le déjeuner du dimanche. Ils sont restés à peine une heure et n’ont même pas attendu le repas

Le poids des silences entre frères et sœurs

Ce qui me peine le plus, ce n’est pas seulement leur départ précipité. C’est cette distance nouvelle qui s’est glissée entre eux. Léa et Camille, autrefois inséparables, se parlent à peine aujourd’hui. Leur complicité s’est effilée avec le temps, sans dispute apparente, juste une sorte de mur invisible. Quant à Théo, il semble évoluer dans un univers parallèle, trop occupé pour s’attarder.

En les regardant ce jour-là, j’ai pris conscience que chacun vivait dans son propre cercle, sans vraiment chercher à en sortir. Comment en sommes-nous arrivés là ? Mon mari et moi avons pourtant tout fait pour leur offrir un foyer soudé. Nous les avons aidés financièrement, soutenus dans leurs projets, accompagnés sans jamais trop intervenir. Où avons-nous perdu le fil ?

Les larmes qu’on n’attend pas

Lorsque les voitures ont quitté l’allée, la façade solide de mon mari s’est fissurée. Lui qui, toute sa vie, a assumé les responsabilités sans broncher, avait les yeux brillants. Sa tristesse, contenue mais palpable, m’a transpercée. Cet homme qui a tout donné à ses enfants ne méritait pas ce vide, cette impression de ne plus compter vraiment.

Nous sommes restés quelques instants dans l’entrée, silencieux, comme si nous venions de comprendre une vérité que nous repoussions depuis longtemps : nos enfants ne savent plus passer du temps ensemble. Et, indirectement, ils ne savent plus passer du temps avec nous.